22 juillet 1917. — Cérémonie de clôture de l’ambulance américaine du lycée Pasteur

(actualisé le ) par Cabinet d’histoire-géographie

Commencée le 6 juillet 1912, la construction du lycée Pasteur s’achève à l’été 1914 pour une ouverture à la rentrée des classes (2 octobre), mais la déclaration de guerre (3 août) change la destination de l’édifice. Réquisitionné le 11 et mis à la disposition de la colonie américaine de Paris, le lycée devient une ambulance, c’est-à-dire un hôpital de campagne, accueille ses premiers blessés au moment de la bataille de la Marne (6-9 septembre) et reçoit la visite du président de la République de retour d’une tournée sur le front (7 octobre). Financée par des dons collectés outre-Atlantique et servie par un personnel de santé volontaire, l’ambulance organise un service automobile qui assure l’acheminement des blessés depuis le front ou les gares de débarquement. Après l’entrée en guerre des États-Unis (6 avril 1917), elle devient un hôpital militaire placé sous l’autorité du gouvernement américain. Une cérémonie de clôture se tient au lycée le 22 juillet 1917.

Une photo de la cérémonie dans Excelsior

Dans son édition du 23 juillet 1917, le journal Excelsior publie une photo de la cérémonie et lui donne la légende suivante :

À l’hôpital américain de Neuilly-sur-Seine

M. Justin Godart (+), sous-secrétaire d’État au service de santé, quitte l’Hôpital américain de Neuilly, après avoir assisté à la clôture solennelle de cette ambulance, dont l’œuvre de secours aux blessés français sera continuée sous la direction de l’armée américaine.

Excelsior du 23 juillet 1917 dans la bibliothèque numérique Gallica-BNF


La même photo dans les « Albums Valois » de la BDIC

On retrouve une photo similaire dans les « Albums Valois » conservés par la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC) :

Neuilly-sur-Seine — Juillet 1917

Hôpital américain de Neuilly. Lycée Pasteur. M. J. Godart, sous-secrétaire d’État au service de santé, visite l’hôpital le jour de l’installation du nouveau médecin-chef.

La photo dans la bibliothèque numérique L’Argonnaute-BDIC

 


Un compte rendu de la cérémonie dans Le Petit Parisien

La cérémonie fait l’objet d’un compte rendu dans Le Petit Parisien du même jour, 23 juillet 1917 :

Remise de l’hôpital américain au gouvernement des États-Unis

Hier a eu lieu la remise de l’hôpital américain de Neuilly au gouvernement des États-Unis, en présence de M. W. Sharp, ambassadeur. M. Benet, président du conseil d’administration a dit quelle serait, après trois ans d’efforts, la tristesse des fondateurs, si cette cession ne marquait l’entrée dans la lutte de la grande République américaine.

Le Petit Parisien du 23 juillet 1917 dans la bibliothèque numérique Gallica-BNF


Un récit plus complet de la cérémonie dans Le Temps

Dans son édition du 25 juillet 1917, le journal Le Temps donne un récit plus complet de la cérémonie et rapporte les discours de Lawrence Benet, président du conseil d’administration de l’ambulance, et de Justin Godart, sous-secrétaire d’État du service de santé militaire.

N.B. : la photo ci-contre est datée de 1914 ; publiée par The World’s Work en décembre 1916, elle est conservée dans les collections de la bibliothèque numérique Gallica.

L’ambulance américaine de Neuilly

La clôture solennelle de l’ambulance américaine vient d’avoir lieu au lycée Pasteur, à Neuilly, sous la présidence de M. Justin Godart, sous-secrétaire d’État du service de santé militaire, entouré de M. Sharp, ambassadeur des États-Unis ; M. Benet, président du conseil d’administration de l’ambulance ; le docteur Winchester du Bouchet, médecin-chef ; le major Peed ; les médecins inspecteurs Lannes et Sieur ; le général Février ; le colonel Bradley, représentant le général Pershing ; MM. de Piessac et Audinet ; le colonel Loiseleur ; le commandant Flajolet ; le capitaine La Chaise, etc.

Dans la salle d’honneur une estrade avait été dressée pour les personnalités officielles ; les infirmières de l’ambulance s’étaient massées autour de l’estrade. Au centre avaient pris place les membres du comité de l’ambulance et au fond les blessés de l’hôpital.

M. Benet, président du conseil d’administration, en remettant l’hôpital américain de Neuilly au gouvernement des États-Unis, a dit quelle serait après trois ans d’efforts, la tristesse des fondateurs, si cette cession ne marquait l’entrée dans la lutte de la grande République américaine.

Et M. Benet conclut : « La tâche de l’ambulance américaine est finie, les États-Unis viennent de se ranger à côté de la France et de ses vaillants alliés ; l’avant-garde de nos armées est en France, et déjà on entrevoit l’aurore de la victoire. Mais quand les drapeaux victorieux des armées alliées défileront sous l’Arc-de-Triomphe à Paris, peut-être se rappellera-t-on que l’ambulance américaine pendant de longs et sombres mois a déployé ensemble les drapeaux de la France et des États-Unis, pour proclamer fièrement l’union de cœur des deux grands et libres peuples. Je déclare l’œuvre de l’ambulance américaine terminée. Vive la France ! Vivent les États-Unis »

M. Justin Godart remercia chaleureusement ces amis de la France de la première heure de leur dévouement. Puis il donna l’accolade à M. Benet au milieu de l’émotion et des applaudissements des blessés, du personnel et des invités.

Le Temps du 25 juillet 1917 dans la bibliothèque numérique Gallica-BNF

La photo dans la bibliothèque numérique Gallica-BNF


Le compte rendu du commandant de l’hôpital dans un rapport officiel

Dans un rapport du 24 mars 1918 — American Military Hospital No. 1, formerly American Ambulance Hospital of Paris, le commandant de l’hôpital militaire no 1 de la Croix-Rouge américaine produit un compte rendu daté du 2 décembre précédent, lequel donne un récit circonstancié de la cérémonie et reproduit dans son entier le texte en anglais du premier discours.

N.B. : les deux photos ci-contre et ci-dessous sont datées de juillet 1918 ; elle sont conservées dans les collections de la Library of Congress et des National Archives ; la première montre l’incendie d’une tente sur la terrasse sud, la seconde l’occupation des couloirs par les blessés.

American Red Cross Military Hospital No. 1

On the 22nd day of July, 1917, the American Ambulance, which had accomplished so much during a space of time covering nearly three years, ceased to exist.

The wonderful reputation which it had so deservedly won, and its name, known by almost every schoolboy, became past history — history that will be read, in the future, by all civilized nations.

This great organization, the mother of volunteer efforts put forth by Americans for France and her Allies, became part of the American Army and American Red Cross.

At half-past five, July 22, 1917, a ceremony was held in the New York Ward officially terminating the existence of the American Ambulance. Mr. L. V. Benet, Chairman of the Ambulance Committee, and Mr. Justin Godart, Under-Secretary of State for the Service de Santé, made speeches.

Mr. Benet said :

“Monsieur le Ministre, the Ambassador, Ladies and Gentlemen :

“As we meet to-day we are profoundly moved by a conflict of emotions ; filled with sadness over the disappearance of a name beloved by us all ; filled with pride at the accomplishment of a task to which we had set ourselves.

“The American Ambulance was born on the morrow of the declaration of war, conceived in a burst of sympathy for France, amid the admiration for the French people, who hastened to defend the threatened homeland and in a feeling of undying gratitude toward those whose ancestors assured our liberty and our independence.

“It is a few days short of three years since we devoted ourselves to this debt of gratitude, but this has but increased day by day. For thirty-two months the United States was neutral in the great conflict, but during this period it was France and her noble allies who interposed themselves between our liberties and the abominable domination of Germanic tyranny.

“And it was during those long months that the heart of America beat in unison with the heart of France, that the American Ambulance proudly unfolded the flags of the two republics and demonstrated the profound sympathy existing between the two great and free peoples. The members of the Ambulance Staff have vied with each other in devotion to the great cause, in admiration, in love for the heroic wounded confided to their care. No effort was too great, no sacrifice too heavy.

“It may be. Monsieur le Ministre, that you intend to express thanks to the American Ambulance for the work it has accomplished, but I beg you to believe me when I say that if it is a question of gratitude, that gratitude is due to you and to the French people. Our gratitude is real and profound, not only for the encouragement which you have always given us so lavishly, but particularly for your confidence and for the inestimable privilege accorded us of tending the noble and valiant soldiers of France.

“We hope that we have been equal to the task, and certainly the science of our surgeons, our sympathy, our love, I might say, for your heroic wounded, ensured our best efforts. There is not a single one among us who has not treasured in his heart the great privilege which has been ours, and I thank you, Monsieur le Ministre, you and France.

“The task of the American Ambulance is ended. The United States has just placed itself on the side of France and her valiant allies, the vanguard of our armies is already in France, and already the dawn of victory is in sight. But when the victorious flags of the allied armies pass beneath the Arc de Triomphe in Paris, perhaps the world will recall that the American Ambulance flew during long and dark months the flags of France and the United States, thus proclaiming to the world the union of the two great and free peoples.

“I declare the work of the American Ambulance ended.

“Vive la France ! Vivent les États-Unis !

After Mr. Benet had finished Mr. Godart spoke and the substance of his remarks was as follows :

He spoke of the American Ambulance as being the first relief brought to suffering France and said that the date of August 14, 1914, when the Lycée Pasteur was placed at the disposal of the group of Americans who wished to erect this monument of love for France to serve as a hospital, would always remain sacred to France. He asked that the American flag which was placed over the door of the Lycée Pasteur on that date should be given to the Ministry of War as a souvenir of the American Ambulance.

He said, further, that though the American Ambulance would no longer exist, the work which it had accomplished in the past three years would never be forgotten, and in generations to come, when the veterans of the war would tell their grandchildren of their sufferings and their days passed in the hospital, it would always be the American Ambulance that would be the hospital of the great war and the bright spot in the stories of their sufferings.

Mr. Godart then spoke of the great growth of the hospital and the many times he had been called upon to represent the French Government and to speak at the inauguration of its various new branches — the sanitary trains, the installation of the Gare de la Chapelle, the Paris Section of the ambulances for transporting the wounded in Paris, the convalescent homes, the Field hospital and services.

Each one of these steps, he said, not only helped to relieve the suffering of the wounded soldiers of France, but increased the expression of sympathy between the two great republics and gave a practical demonstration of the individual love of the American people for those of France.

Le rapport dans la bibliothèque numérique Internet Archive

La photo de la terrasse sud dans la bibliothèque numérique de la Library of Congress

La même photo dans la bibliothèque numérique des National Archives

La photo d’un couloir du lycée dans la bibliothèque numérique de la Library of Congress

La même photo dans la bibliothèque numérique des National Archives


Annexes

Une collection de documents sur l’histoire du lycée via @hg_pasteur :

Histoire du lycée Pasteur

Voir également :

Le premier siècle du lycée Pasteur. — Repères historiques

Les premières années du lycée Pasteur dans la presse parisienne (1912-1934)

Les plaques commémoratives de l’ambulance américaine au lycée Pasteur (1er septembre 1934)