1914-1918. — Le lycée Pasteur dans la Grande Guerre : histoire et mémoire

(actualisé le ) par Cabinet d’histoire-géographie

Le lycée Pasteur est ouvert, deux ans après la pose de sa première pierre, par un décret du président de la République daté du 30 mai 1914. Sa construction, par l’architecte Umbdenstock, s’achève en juillet, pour une première rentrée des classes en octobre, mais la déclaration de guerre du 3 août change la destination du bâtiment. Réquisitionné le 11, il est transformé en ambulance par la colonie américaine de Paris, recueille ses premiers blessés lors de la bataille de la Marne (6-9 septembre) et reçoit la visite du président Poincaré, de retour d’une tournée sur le front, dans l’après-midi du 7 octobre. À l’été 1917, après l’entrée en guerre des États-Unis (6 avril), l’ambulance fait place à un hôpital militaire américain ; une cérémonie de clôture se tient au lycée le 22 juillet. La fermeture de l’hôpital militaire, au début de l’année 1919, rend le bâtiment à sa vocation première, celle d’un établissement d’instruction publique. L’inauguration du lycée, comme celle du monument aux morts de Neuilly, date de 1923, la première le 18 octobre, la seconde le 18 novembre. La plaque du parloir en souvenir des morts de la guerre est dévoilée le 8 juillet 1922, les deux plaques bilingues du vestibule d’honneur, le 1er septembre 1934, pour le XXe anniversaire de l’ambulance. Pourvu dans les années 1950 d’un cabinet d’histoire-géographie situé au deuxième étage de l’aile Perronet, le lycée Pasteur est à la fois un établissement d’enseignement, un lieu de mémoire et un objet d’histoire.

Chronologie indicative


Histoire et mémoire

Dans une allocution prononcée à la Sorbonne, le 16 novembre 1992, l’historien François Bédarida (1926-2001) donne de l’histoire et de la mémoire les deux définitions suivantes :

« Alors que l’histoire se situe à l’extérieur de l’événement et génère une approche conduite du dehors, la mémoire se place dans l’événement, le remonte en quelque sorte, cheminant à l’intérieur du sujet. Elle se fait contemporaine de ce qu’elle tente de transmettre, au lieu que l’histoire s’en distancie, en appréhendant l’événement, en le décortiquant et en tentant d’en extraire et la substance et le sens — dans la double acception de ce dernier terme, à savoir la direction et la signification.

« C’est pourquoi les trajectoires ne sont pas les mêmes. La mémoire a pour objectif la fidélité, l’histoire la vérité. »

François Bédarida, « La mémoire contre l’histoire » in Histoire, critique et responsabilité, Paris, Complexe, 2003, p. 259.


Le lycée Pasteur dans la Grande Guerre : une collection de documents

Les photos ci-dessous de la visite présidentielle sont momentanément inaccessibles ; suivre le lien suivant :

7 octobre 1914. — Visite du président de la République à l’ambulance américaine


La définition du mot « ambulance »

AMBULANCE s. f. (an-bu-lan-se — du lat. ambulare, voyager). Hôpital mobile, qui suit une armée en campagne, ou qu’on établit à peu de distance du champ de bataille pour y transporter provisoirement les blessés : Chirurgien d’AMBULANCE. Infirmier d’AMBULANCE. Porter un blessé à l’AMBULANCE. Avant Henri IV, nos armées n’avaient pas d’AMBULANCE. (Général Bard.) Une fois à l’AMBULANCE, vous goûtez une espèce de calme et de repos ; vous n’avez pas à courir, comme sur mer, les hasards d’une tempête ou d’un naufrage. (E. Sue.) Les mameluks, sachant que nous étions tous dans les AMBULANCES, veulent nous barrer le chemin. (Balz.) ǁ Hôpital improvisé dans les différents quartiers d’une ville en proie à une épidémie, à une guerre civile. | Ensemble du personnel médical attaché au quartier général de chaque division d’une armee en campagne.
— Administ. Emploi d’un commis ambulant, dont l’office est de parcourir incessamment une certaine région territoriale : Obtenir une AMBULANCE dans les domaines, dans les contributions indirectes.

Pierre Larousse, Grand dictionnaire universel du XIXe siècle, tome premier, A, 1866.

L’article « ambulance » du dictionnaire dans la bibliothèque numérique Gallica-BNF

AMBULANCE (an-bu-lan-s’), s. f. ǁ 1o Etablissement hospitalier temporaire, formé près des corps ou des divisions d’armée, pour en suivre les mouvements, et destiné à assurer les premiers secours aux blessés et autres malades. ǁ 2o Établissement provisoire formé pour donner les premiers soins à des blessés ou à des malades. On a établi des ambulances dans chaque quartier. ǁ 3o Emploi d’un commis des contributions indirectes, dont l’office est de parcourir incessamment un certain district.

Émile Littré, Dictionnaire de la langue française, tome premier, A-C, Paris, 1873.

L’article « ambulance » du dictionnaire dans la bibliothèque numérique Gallica-BNF


Chronologie indicative

10 mai 1910. — Décret déclarant d’utilité publique la construction d’un lycée de garçons à Neuilly.

6 juillet 1912. — Pose de la première pierre du lycée.

23 novembre 1913. — Le futur lycée de garçons de Neuilly reçoit par décret le nom de lycée Pasteur.

30 mai 1914. — Décret d’ouverture du lycée Pasteur.

16 juillet 1914. — Entrée en fonction du proviseur et de l’économe.

17 juillet 1914. — Visite du lycée par Le Petit Parisien.

3 août 1914. — Déclaration de guerre.

11 août 1914. — Réquisition du lycée, lequel devient une ambulance américaine.

2 octobre 1914. — Rentrée des classes hors les murs.

7 octobre 1914. — Visite du président de la République.

6 avril 1917. — Entrée en guerre des États-Unis.

22 juillet 1917. — Cérémonie de clôture de l’ambulance.

1er octobre 1919. — Première rentrée des classes au lycée.

La Presse et Le Gaulois du 21 janvier 1919 annoncent la fermeture très prochaine de l’hôpital militaire américain du lycée Pasteur, la restitution du bâtiment au gouvernement français et son « retour à sa destination primitive ».

Le Petit Journal du 10 février 1919 informe ses lecteurs de la fermeture de l’hôpital et ajoute que le lycée « pourra recevoir ses élèves après les vacances de Pâques » (avril 1919).

8 juillet 1922. — Inauguration de la plaque du parloir en l’honneur des morts de la guerre.

18 octobre 1923. — Inauguration du lycée.

18 novembre 1923. — Inauguration du monument aux morts de Neuilly.

1er septembre 1934. — Vingtième anniversaire de l’ambulance américaine ; inauguration des plaques bilingues du vestibule d’honneur.