Par Hugo CHEKROUN, Nathan SOUSSEN, Gabriel LETERTRE, Nils
Les réalisations du maire réélu
Jean Christophe Fromantin, élu en 2008, réélu en 2014 et de nouveau le mois dernier avec 60,26% des voix, se félicite d’avoir mis le sport et la culture à l’accès du plus grand nombre en créant dès 2008 le théâtre des Sablons et le conservatoire de musique et d’art dramatique qu’il habite mais aussi en rénovant le complexe sportif du stade Monclar et en faisant voter fin 2015 le projet d’un nouveau complexe sportif boulevard Koenig pour compléter l’offre sportive avec sept nouvelles salles de sport dont l’ouverture devait se faire ce mois-ci, indépendamment du vainqueur des élections.
Son programme de 2020 se présentait dans la continuité de ses mandats précédant, ainsi le sport et la culture étaient de nouveau des thèmes abordés sans être pour autant au centre de ses projets. Si ses intentions en matières sportives se limitaient à veiller à la mise en place et au bon fonctionnement du nouveau complexe, en matière de culture le maire comptait créer une nouvelle médiathèque Jean d’Ormesson et ouvrir la première ludothèque pour enfant de la ville.
Le groupe d’opposition
Ces réalisations du maire étaient cependant critiquées par une partie de ses opposants comme le conseiller municipal Bernard Lepidi, président du Groupe d’opposition J’aime Neuilly et candidat à la mairie, avant-dernier des élections récentes avec 2,16% des votes mais second en 2014, qui reprochait également au maire sa gouvernance et ses travaux de l’avenue Charles de Gaulle.
En matière de culture, il déplorait le fort déficit du Théâtre des Sablons, plus de 2 millions d’euros, qu’il promettait de réduire une fois élu par des changements de gestion, il affirmait également vouloir organiser des opérations culturelles dans les rues ainsi que des festivals de danse, de chorale et de street art et une foire à la pomme de terre.
Quant aux installations sportives, il dénonçait l’état du stade Monclar, pas aux normes et incapable selon lui de recevoir les équipes adverses. Il déclarait vouloir le remettre aux normes. Il désirait également présenter une offre sportive plus complète en mettant en place des partenariats intercommunaux et créer un practice de golf à côté du complexe sportif Koenig, qu’il comptait en outre réorganiser pour rendre plus attractif.
Des différences à droite
La liste LR menée par Florence Maurin-Fournier et seconde du scrutin avec 14,76% des voix et celle du rassemblement de la droite, du centre et de la société civile, nommée « Réveillons Neuilly », menée par Anthony Dodeman et arrivée cinquième avec 5,11% des électeurs, étaient proches politiquement et présentaient certaines grandes lignes en commun dans leurs programmes, mais divergeaient sur certains points : bien que tous deux mettaient l’accent sur le commerce, seul Réveillons Neuilly mettait en avant l’attractivité, en proposant entre autres des projets culturels et sportifs, absents du programme républicain.
La liste d’Anthony Dodeman proposait ainsi de créer un musée d’artiste contemporains en plein air avenue Charles-de-Gaulle en mobilisant les collections nationales, régionales et départementales et d’installer des boîtes à livres pour faciliter les échanges d’ouvrages d’occasion pour augmenter le patrimoine culturel des neuilléens.
Pour augmenter l’activité sportive, elle comptait favoriser l’installation d’infrastructures liés au sport urbain, tel le football à cinq, et mettre le nouveau terrain du stade du complexe Koenig à disposition des associations sportives.
Et parmi les écologistes
Si toutes les listes proposaient des mesures écologistes, deux présentaient l’écologie au centre de leur programme : celle d’Europe Ecologie les Verts menée par Thierry Hubert et quatrième des élections avec 5,76% des votes et celle de la gauche écologiste, menée par Eva Cohen Tanugi, réunissant la gauche et le centre gauche et étant dernière en mars avec 2,13% des voix. Le programme de la première n’abordait ni la culture ni le sport, en dehors peut-être des projets liés à l’éducation et aux pistes cyclables.
En revanche, la seconde proposait l’ouverture des médiathèque le dimanche, lorsque les bibliothèques sont fermées, l’augmentation du soutien aux artistes et un changement dans les tarifications des activités de sport et culture en faisant intervenir le quotient familial, qui prend en compte les situations familiales et que l’état utilise notamment dans les déductions d’impôts. On pourrait donc expliquer ces différences par une plus forte préoccupation sociale à gauche.
La culture et le sport au centre d’un programme
Si six des sept candidats à la mairie de Neuilly n’abordaient la culture que comme un thème secondaire ou l’ignoraient entièrement, le programme de la liste « Vivre Neuilly ! » de Jean-François Rouzières, arrivée troisième des élections avec 9,82% d’électeurs et représentant les partis LREM, Agir et Mouvement Démocrate, étaient marqué par « une ambition culturelle forte » qui permettrait « de changer le quotidien des habitants ainsi que l’image de la ville » d’après Franck Riester, ministre de la Culture et président d’Agir. C’est donc un thème s’inscrivant entièrement dans l’engagement de « faire revivre et rayonner Neuilly » que leur programme mettait en avant.
Pour valoriser le patrimoine culturelle de la ville et développer les valeurs européennes, la liste de la majorité présidentielle proposait l’organisation d’une semaine de la culture européenne ainsi que d’une semaine de la langue française incluant un prix littéraire et un salon du livre, l’ouverture d’une Maison de l’Europe, l’accueil d’un ensemble orchestral et l’amélioration de l’école de musique du Théâtre des Sablons pour en faire un véritable conservatoire de musique, de danse et d’art dramatique.
Si le sport n’était évoqué dans le programme que bien après la culture, il y a tout de même eu une place plus importante que dans les autres programmes et y fut montré comme un enjeu pour le rayonnement de la ville tandis que l’offre actuelle y est déplorée comme faible, citant notamment le nouveau complexe et sa politique de loisir plutôt que la recherche de l’excellence dans le cadre de l’approche des JO de 2024.
Dans cet objectif, la liste Vivre Neuilly ! proposait de rénover le terrain de football de l’ile de la Jatte, d’optimiser les zones dédiées au sport au quotidien en élargissant l’usage des terrains scolaires certains soir et week-end et en négociant l’accès des espaces de Bagatelle ou du Bois de Boulogne, d’accorder la priorité et des conditions financières privilégiées au Neuilléens dans les clubs sportifs et de leurs offrir un chèque sport/culture pour accéder à un tarif moins coûteux. Enfin, elle affirme viser un doublement des subventions au sport pour atteindre les conditions d’une pratique d’excellence.
L’absence de thèmes non-centraux comme le sport et la culture permettant de se démarquer ne semble donc pas pouvoir expliquer la domination au premier tour du maire sortant, la liste arrivée seconde ayant ignoré ces sujets tandis que celle troisième leur donnait plus d’importance que toutes les autres. L’écart de vote semble plutôt dû à la confiance des votants en Jean-Christophe Fromantin, appuyée par ses réalisations, entre autres dans le sport et la culture, ainsi qu’aux habitudes de votes de la commune : le maire a été aussi élu avec une large avance en 2014 et les élections présidentielles et législatives de 2017 ont été en faveur des Républicains à Neuilly. On pourrait également soupçonner l’influence de l’abstentionnisme, qui a augmenté en 6 ans de 46 à 64%, soit une hausse de 18 points.
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