11 décembre 1918. — La mémoire de l’ambulance dans l’Almanach illustré du Petit Parisien pour 1919

(actualisé le ) par Cabinet d’histoire-géographie

Dans son Almanach illustré pour 1919, Le Petit Parisien fait de l’ambulance américaine le lieu par excellence de l’amitié franco-américaine. Intitulé « Le trésor inépuisable de la charité américaine », l’article s’ouvre par deux photos du lycée Pasteur, évoque la mémoire de La Fayette et Rochambeau, et rend hommage à la générosité américaine.

« Le trésor inépuisable de la charité américaine »

Les deux photos du lycée sont intitulées :
1. « Arrivée de blessés au grand hôpital américain du lycée Pasteur, à Neuilly » (ci-contre) ;
2. « Vue générale du lycée Pasteur, à Neuilly-sur-Seine, où fut installé le premier hôpital américain en France » (ci-après).

L’Amérique s’est donnée complètement à nous… Elle s’est donnée comme jamais aucun homme, aucun peuple ne s’est donné à un bienfaiteur. Et, afin de nous obliger à tout accepter, elle a fait revivre une vieille dette de reconnaissance qu’elle a parée d’une auréole éblouissante. L’acte de Rochambeau et de La Fayette a pris à ses yeux des proportions grandioses. Nos amis de là-bas en ont centuplé la grandeur et ceux qui connaissaient le moins l’histoire ont cru, dans leur foi ardente, qu’ils devaient tout à la France !

Alors, de tous les États de l’Union, de toutes les villes, de tous les villages, sortent les offrandes. Les Américains de Paris, avec le concours de l’ambassadeur et de l’ambassadrice des États-Unis et de toutes les plus hautes personnalités du monde politique, littéraire, financier, industriel, créent des comités en Amérique et en France qui sont chargés, les premiers d’une propagande intense en faveur de nos soldats, de nos malheureux, les seconds, de distribuer les secours recueillis. L’or afflue dans les caisses, les dons en nature dam les entrepôts. Puis des Américains, des Américaines abandonnent leurs affaires, leurs familles pour s’offrir eux-mêmes à la France. En quelques mois, nôtre pays se peuple d’hôpitaux, d’ambulances, où des médecins, des chirurgiens, des infirmiers, des infirmières, des ambulanciers, s’engagent pour toute la durée de la guerre. Enfin, des jeunes gens n’hésitent pas à venir dans nos rangs combattre notre ennemi, déjà l’ennemi de l’humanité. Beaucoup d’entre eux sont tombés sur le champ de bataille, leur héroïque conduite a eu un retentissement considérable dans leur pays et n’a pas peu contribué à faire des États-Unis l’un de nos plus fidèles alliés.

Pour donner un aperçu de « l’acte d’amour » américain, il faudrait rappeler tous les faits isolés, toutes les offrandes individuelles. Cela, l’histoire ne le dira pas parce qu’elle ne le saura jamais. Tout au plus nous est-il possible de saisir quelques-uns des faits les plus saillants et de montrer la grandeur des sacrifices

[…]

Les hôpitaux américains en France

La première et la plus importante de toutes les formations sanitaires américaines créées en France est l’American Ambulance Hospital, due à l’initiative de la colonie américaine de Paris et installée au lycée Pasteur, à Neuilly-sur-Seine. Le 1er septembre 1914, l’aménagement était terminée et les chirurgiens et médecins, à leurs postes, attendaient les premiers blessés, qui leur furent envoyés aussitôt.

Neuilly-sur-Seine est devenu ensuite le noyau d’une vaste organisation, remise à la Croix-Rouge américaine le 22 juillet 1917, qui comprend un hôpital à Juilly (Seine-et-Marne), neuf hôpitaux auxiliaires mis à la disposition de l’ambulance pour recevoir les blessés partiellement guéris et devant continuer leur traitement sous la surveillance et la responsabilité des chirurgiens de l’ambulance américaine ; une ambulance de campagne ayant son quartier général à Neuilly ; trois sections de transports de blessés, formées de vingt voitures chacune, et enfin un train sanitaire composé de treize voitures.

Pendant que s’organisait l’hôpital de Neuilly, M. et Mme Harjes, sans attendre l’autorisation ministérielle qu’ils avaient sollicitée, constituaient une ambulance de voitures automobiles servie par des chirurgiens, des étudiants en médecine, des infirmières anglaises et américaines, qui parcourut les champs de bataille de la Marne pour donner les premiers soins aux blessés et les ramener à l’arrière. L’ambulance fut ensuite rattachée au gouvernement militaire de Paris et installée près du front. Elle devint ensuite « Section sanitaire automobile », sous la direction de la Croix-Rouge américaine. Actuellement, elle constitue une énorme organisation sanitaire comportant treize sections de vingt-cinq voiture chacune.

L’American Field Service, ou Service automobile américain aux armées françaises, né à l’ambulance de Neuilly, devenu ensuite autonome, sans cesse accru par une intense propagande aux États-Unis et placé sous la direction de M. Piatt Andrew, comprend cinquante sections avec plus de mille voitures. Plusieurs centaines de mille blessés ont été transportés par le Field Service. Depuis la déclaration de guerre des États-Unis, seize sections ont été mises à la disposition de l’autorité militaire française pour transporter des obus, des bombes, du fil de fer barbelé, etc. Cette vaste formation sanitaire a toujours été entretenue par l’initiative privée, avec une admirable générosité.

L’Almanach illustré du Petit Parisien pour 1919 dans la bibliothèque numérique Gallica-BNF

On retrouve la première photo sur le site Lakeside Unit - Virtual Exhibit (Cleveland) :

Une voiture d’ambulance dans la cour du lycée

Lakeside Medical Unit - Virtual Exhibit (Cleveland)

Le site est momentanément inaccessible. On peut accéder à la photo via Internet Archive :

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Les premières années du lycée Pasteur dans la presse parisienne (1912-1934)